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Les Egyptiens Adoraient Les Chats, Mais Les Aimaient-Ils ?

jeudi 28 août 2003, par CatChat

La petite histoire semble diviser la vie du chat en deux grandes périodes où il aura bénéficié puis souffert d’un statut social diamétralement opposé.

L’Égypte ancienne, tout d’abord, sorte de véritable paradis pour ce petit félin, qui semble y avoir été vénéré plus qu’aucun autre animal. Sous la XXIIe dynastie pharaonique, en effet, le chat, qui est à la fois pêcheur, chasseur, tueur de rats et gardien des temples, se voit hissé sur un piédestal quasi divin. Il symbolise la sagesse, l’amour et la maternité triomphante. Bastet, cette lionne sensuelle à tête de chatte (dont les Égyptiennes rêvent toutes d’avoir le nez camus !), jouit donc de la vénération des prêtres et des princes, mais aussi de la gratitude des petites gens. Au point que le bon peuple prenait le deuil de ses chats en se rasant les sourcils.

Après cette période idyllique et paradisiaque en apparence pour la gent féline viendra beaucoup plus tard ce véritable enfer félin que sera le Moyen Âge chrétien. Certes, les marins comprirent vite l’utilité pratico-pratique d’une espèce animale quasi incontournable (un règlement de Colbert, quelque peu oublié depuis, faisait même obligation à tout navire d’avoir au moins deux chats à bord pour chasser les rats). Malheureusement, et jusqu’au XVIIIe siècle en tout cas dans l’Occident chrétien, ce ne seront que sinistres autodafés et impitoyables feux de la Saint-Jean dans lesquels on précipitait les chats, associés à Satan et aux sorcières. Parfois, leur martyre passait par des cercles de feu au centre desquels se dressait un mât : « Les chats s’y agrippaient, grimpaient jusqu’au sommet, se battaient entre eux pour conserver leur place et finissaient, l’un après l’autre, par retomber jusqu’au dernier dans le piège des flammes », nous dit le Dr Fernand Mery. En Belgique, c’est un tout autre supplice : on les balançait tout bonnement par la queue du haut des beffrois sur la populace en liesse, comme cela se faisait jadis dans cette bonne ville d’Ypres le jour dit de la « Fête des chats ».

L’amour immodéré des Égyptiens pour leurs chats a pu trouver un temps sa démonstration la plus manifeste dans le fait que leur corps était embaumé puis enterré dans des sépultures sacrées. Il y avait alors pléthore de tombeaux d’animaux. Si bien que dans son Voyage en Orient, Gérard de Nerval invite le lecteur du milieu du XIXe siècle à visiter ces sépultures, où l’on « pénètre fort difficilement, en respirant la cendre et la poussière, en se traînant parfois dans des conduits où l’on ne peut passer qu’à genoux ». Les momies de chats étaient si nombreuses alors qu’elles servirent un temps d’engrais en Occident pour la culture de la betterave. Le grand égyptologue Auguste Mariette (mort au Caire en 1881) dénonça d’ailleurs cette « industrie », qui exportait par bateaux entiers des momies de chats vers Liverpool ou Dunkerque.

Alain Zivie, directeur de recherche au CNRS en 1989, a eu le mérite de se pencher sur ces chats égyptiens momifiés, emmaillotés comme des quilles, les pattes le long du corps. Voire d’autres, au contraire, les pattes entourées chacune de bandelettes de lin mouillées d’eau salée et imprégnées de résine, semblant prêts à courir.

Longtemps on a cru que les Égyptiens momifiaient des chats déjà morts. En fait, le cou de ces momies félines était le plus souvent bien trop long. À y regarder de plus près, on s’est rendu compte que nombre d’entre elles avaient la nuque brisée. Mais aussi que la troisième vertèbre cervicale était souvent distante de la deuxième d’environ deux pouces. Plus troublant encore : l’âge des chats momifiés. À Gizeh, près de la moitié d’entre eux avaient entre un et quatre mois et l’autre moitié entre neuf et 17 mois (ce qui est bien jeune pour mourir de manière naturelle quand on a sept vies !). De ce lot, seulement deux chats avaient plus de deux ans.

Nul doute donc que des chats étaient élevés pour ensuite être occis puis momifiés, pour des raisons purement religieuses et mercantiles. La demande était énorme à cette époque, si bien qu’il se fabriquait aussi des momies de chats trafiquées. Lesquelles, pour reprendre Alain Zivie, contenaient « parfois seulement des moitiés de chats, voire quelques os, des restes d’oiseaux ou même une grenouille dans une momie qui a la forme d’un chat ».

Sûrement que le petit peuple de l’Égypte ancienne aimait ses chats. Mais cet amour était-il aussi le lot des grands prêtres qui régissaient le culte de Bastet (la déesse chatte symbole de la famille et de l’amour) tout comme le négoce quasi industriel, à cette époque, du chat momifié ?

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