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Le Lynx Est-Il Un Fleau ?

jeudi 4 septembre 2003, par CatChat

Le lynx n’a pas fini de faire parler de lui. Quoique l’animal figure toujours sur la liste des espèces menacées en Europe, sa réintroduction, 20 ans après les premiers lâchers, soulève encore des controverses. Du moins dans la vallée de Munster.

Là, les chasseurs et l’ONF ont constaté une baisse du cheptel de chevreuils de 20 à 25% ces trois dernières années. Selon Raymond Blaise, président du Groupement d’intérêt cynégétique du Hohneck, « cela ne fait aucun doute, c’est le lynx qui est responsable ». Mais pour Alsace nature, le GEPMA ( Groupe d’étude et de protection des mammifères d’Alsace ) et l’ONFCS ( Office national de la chasse et de la faune sauvage ), la mortalité des cervidés peut très bien être liée aux maladies, aux collisions avec des autos, à la chasse tout court...

Chasseurs contre écologistes

« Au départ le lynx était censé adopter une répartition spatiale compatible avec celles des ongulés et des grands ongulés sur la base de 10 000 ha par individu, c’est du moins ce qu’une modélisation nous assurait. Mais, dans la vallée de Munster, compte tenu de sa richesse en gibiers, ces derniers ont attiré le lynx en grande quantité », indique Robert Dubich, président de la Commission grand gibier de la fédération de chasse du Haut-Rhin. Selon le président du GIC 6 du Hohneck, « par temps de neige, j’ai pu relever les empreintes d’une vingtaine de lynx sur les 17 000 ha du GIC, soit dix fois plus ! ». « Impossible, réplique Jean-Michel Vandel, responsable du suivi lynx à l’ONFCS. Sur l’ensemble des Vosges, c’est-à-dire en gros de Saverne au Grand Ballon, on estime la population à une vingtaine de lynx. De plus, si M. Blaise se base sur ce qu’il voit, il peut avoir l’impression qu’il y a moins de chevreuils, mais c’est parce qu’ils se sont dispersés pour compliquer la tâche au prédateur. »

Pression touristique

Quoi qu’il en soit, « le chevreuil se raréfiant, la prédation s’est reportée sur les chamois, et déjà ce sont les poulaillers qui sont menacés », s’indigne Raymond Blaise. « La population de chamois a baissé de 30 à 40%. Le lynx n’est pas le seul responsable, indique Robert Dubich. Il y a toute la pression touristique liée au contexte particulier de la vallée de Munster. Eté comme hiver, les activités de sport et de loisirs perturbent la quiétude des chamois et, combinées avec l’impact du lynx, l’effet est de loin supérieur à ce qu’il serait en l’absence du mammifère. » On peut s’en douter, le tourisme ne sera pas abandonné pour les beaux yeux de l’animal. Frédéric Deck, président du GEPMA, a beau arguer que « le lynx, comme tout prédateur, par instinct n’anéantira jamais son vivier de proies, sous peine de disparaître lui-même », les chasseurs, de leur côté, avancent « que cette espèce n’est pas régulée et qu’il faudrait prendre exemple sur la Suisse où a été donnée l’autorisation de les tirer pour rééquilibrer ».

Renvoyer le lynx ?

Finalement, le déficit de gibier est-il dû à un manque de régulation dans la population des lynx, ou au fait que lynx et chasseurs opèrent sur le même territoire ? Le dilemme est posé. « Soit on réexpédie le lynx dans sa contrée d’origine en Europe centrale, soit ce sont les chasseurs qui déserteront la vallée et iront chasser en Pologne ou ailleurs, là où ils en auront pour leur argent », résume Robert Dubich. Tandis que Frédéric Deck stigmatise cette position comme étant « un combat d’arrière garde, car les lynx qui sont actuellement dans les Vosges y sont nés, contrairement à leurs aînés », Jean Kugler, chef du service environnement, eaux, forêt et urbanisme à la DDAF ( Direction départementale de l’agriculture et de la forêt ) du Haut-Rhin annonce l’intention de mettre en place un protocole d’évaluation scientifique*. « Parce qu’une baisse sur un seul lot de chasse ne peut être considérée comme significative de l’impact du lynx dont le territoire est beaucoup plus vaste, de l’ordre de plusieurs dizaines de kilomètre carré selon le CNERA ( Centre national d’étude et de recherche appliquée ) », remarque ce dernier. La fédération des chasseurs, en surface, semble s’en accommoder. Mais le président du GIC du Hohneck rallie des partisans, dont une sous-préfette à Guebwiller, Mme Misson. Et la prochaine réunion du GIC aura lieu fin septembre. Elle risque fort de sonner l’hallali.

(*) Il s’agit de l’analyse de l’évolution du cheptel chevreuil à court terme et à moyen terme, de l’analyse des facteurs d’évolution avec l’Observatoire faune-flore ( les GIC sont invités à participer activement au recueil de données ). De l’amélioration de la collecte de données sur le lynx. Et de la recherche d’une méthode d’évaluation des densités de lynx.

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