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Bestiaire Etymologique

dimanche 19 octobre 2003, par CatChat

La linguiste Henriette Walter nous livre dans "L’Étonnante histoire des noms des mammifères" une savoureuse étude du vocabulaire zoologique. Ni dictionnaire ni encyclopédie, cet ouvrage, sorte de jeu savant, opte pour un regroupement thématique autour de trente-cinq animaux vedettes, du loup à l’aye-aye, en fonction de l’univers linguistique qu’ils animent. Si l’évolution des langues fait le corps de la recherche, l’auteur ne s’interdit pas les détours du côté de la mythologie, des contes, de la philosophie, de l’héraldique, et propose même quelques devinettes récréatives, quelques questions non résolues. Il ne s’agit ni d’un traité indigeste ni d’un document réservé aux amis des bêtes, mais plutôt d’un voyage à travers les mots, dans le temps et dans l’espace.

Le parcours d’Henriette Walter est peu commun. Professeur d’anglais, elle reprend des études de phonétique à trente-quatre ans et découvre à cette occasion qu’elle a une oreille exceptionnelle. Elle deviendra ensuite l’une des plus éminentes pédagogues de l’histoire des langues. Pierre Avenas, polytechnicien et passionné d’étymologie animale, a contribué à la rédaction de l’ouvrage dont les illustrations ont été réalisées par François Boisrond.
Les deux auteurs nous rappellent que dès les origines, les hommes ont côtoyé ou affronté dans les milieux naturels de grands animaux sauvages comme le loup, le lion qu’ils ont redoutés ou parfois divinisés. Ils en ont domestiqué d’autres comme le chien ou le cheval, ils en ont chassé. Ils ont donc été conduits à les nommer et les auteurs de ce bestiaire particulier entreprennent de nous montrer à quel point les animaux sont encore présents dans toutes les langues du monde et, de façon plus détaillée, dans la langue française. Quelques exemples donneront une idée de la richesse de l’ouvrage.

Du renard
Numéro un au palmarès des fables d’Esope avant le lion, le chien, le loup et l’âne. Si l’animal est devenu un héros de la littérature, l’absence de nom indo-européen commun proviendrait de ce qu’on appelle un "tabou de vocabulaire", le renard étant considéré comme un animal nuisible, méprisable et diabolique. En grec, alôpex désigne non seulement le renard mais aussi une personne rusée. En français, le goupil est choisi au moyen-âge pour personnifier la ruse et renard devient bientôt un nom commun. Le terme a donné naissance à de nombreuses appellations : vieux renard, espion ou encore ouvrier qui refuse de faire la grève (aujourd’hui un "jaune"). Le nom latin a donné Volpone, ce vieillard rusé comme un renard dans la pièce de Ben Jonson. Le nom anglais du renard, fox, apparaît sous sa forme anglaise dans de nombreux termes : le chien habile à débusquer le renard ou fox-terrier, une danse qui rappelle l’allure hésitante du renard : le fox-trot.

Du lion
Qu’on trouve déjà sur les cartouches égyptiens et sur la cheminée des parents de François Champollion qui pensait que le lion était à l’origine de son propre nom (Champ au Léon)… Cela lui a-t-il permis de découvrir l’énigme de la Pierre de Rosette ? Dans les fables, l’animal représente la force brute d’où l’expression "se tailler la part du lion", ou celle de contrat léonin, avantageant l’une des parties. Sa présence dans les prénoms et les noms est fréquente : Léonidas dans l’Antiquité, pas moins de treize papes, jusqu’à Napoléon. L’héraldique nous fait ensuite passer du lion dressé dit "rampant", puisque le premier sens de "ramper" a été "grimper", au logo des automobiles Peugeot sans doute emprunté aux armes de la Franche-Comté où les usines étaient implantées.

Du chat
Pour désigner son cri, la forme miaou fait presque l’unanimité dans toute l’Europe, et la dérivation de type miauler se retrouve également.
Les traces de l’onomatopée se reconnaissent dans l’ancien français mine, à l’origine d’appellations familières et affectueuses, voire érotiques.
La forme mite, nom enfantin et populaire de la chatte, a une importante descendance : faire la chattemite, la mitaine douce comme la fourrure du chat, emmitoufler, mistigri, la parenté de marmite restant quant à elle plus obscure.
Les yeux brillants du chat sont sans doute à l’origine de chatoyer et chatoyant, tandis que ses manières un poil sournoises ont donné à chatterie son caractère ambigu que l’on retrouve plus nettement dans chafouin.

Les noms d’animaux sont partout : le loup sous le lycée, le chien sous la canine, le bouc sous la tragédie, le vaccin sous la vache, le taureau sous l’alpha, l’agneau de sacrifice sous le liquide amniotique… Parcourant les siècles, les pays, Henriette Walter nous invite à de réjouissantes découvertes. À propos d’animaux, la pantoufle de Cendrillon était-elle de vair ou en verre ? Réponse page 311.

"L’Étonnante Histoire des noms des mammifères"
Henriette Walter - Pierre Avenas
Éditions Robert Laffont
24 euros

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