B.Bardot A La Rescousse De 50.000 Moutons Sur Un "Bateau De La Mort"

L’histoire a commencé le mois dernier avec le refus de l’Arabie saoudite d’accepter 57.000 moutons vivants, embarqués d’Australie sur un bateau de la compagnie néerlandaise Vroon BV. Les autorités saoudiennes ont estimé que 6% de la cargaison souffrait de la gale, scellant le sort des animaux.
Même si l’affirmation est contestée par des responsables sanitaires australiens, aucun autre pays n’a depuis voulu des moutons soudain placés au centre d’un imbroglio multinational.
Près de 4.000 bêtes sont mortes de la chaleur et du stress et les groupes de défense des animaux se sont emparés de l’affaire, craignant que le Cormo Express ne se transforme en "charnier flottant".
La star français militante de la cause animale a adressé une lettre ouverte au ministre australien de l’Agriculture, Warren Truss, estimant que la situation était devenue intolérable.
"Il est absolument nécessaire de trouver une solution humaine pour éviter l’agonie de 50.000 moutons du Cormo Express, qui restera la honte de votre pays", dit-elle dans la lettre publiée par la Fondation Brigitte Bardot.
Selon les propriétaires du Cormo Express, "le bateau de la mort", le surnom qui lui a été attribué par la presse australienne, erre depuis que l’Arabie a refusé la cargaison. Les Emirats arabes unis ont adopté la même attitude et le Pakistan a dit qu’il ferait sans doute de même.
Le gouvernement australien rétorque qu’il est en train de négocier le déchargement du troupeau quelque part au Moyen-Orient mais refuse de dire où.
Il a aussi refusé de communiquer au parlement le nombre de moutons morts dans la mésaventure, estimant qu’"il n’y avait pas d’intérêt public à publier une information à ce stade".
Un porte-parole du ministre de l’Agriculture a expliqué que l’Australie n’était plus propriétaire des moutons car ceux-ci appartenaient à un importateur saoudien dont il a refusé de donner le nom.
L’histoire est devenue délicate, au point que le groupe militant Animal Liberation a offert une récompense de 10.000 dollars australiensdollars US) pour toute information permettant de localiser le Cormo Express.
Pour Animal Liberation, si les moutons ne trouvent pas preneurs, ils doivent être abattus de manière humaine, et en tout cas leurs souffrances doivent s’arrêter.
Le propriétaire du navire, Vroon BV, préfèrerait qu’ils soient ramenés à leur port d’embarquement, Fremantle, dans l’ouest de l’Australie.
"Un voyage de 16 jours dure déjà depuis six semaines et le temps presse. Il faut trouver une solution assurant le débarquement dans de bonnes conditions des moutons dans des installations adéquates", a-t-il dit dans un communiqué.
Mais l’Australie n’en veut pas, arguant que les moutons ayant séjourné dans un port étranger, ont besoin d’une autorisation d’importation.
"Cette débâcle va de farce en farce", a déclaré un dirigeant de l’opposition australienne, le chef des Australian Democrats Andrew Bartlett. M. Bartlett a demandé que l’Australie cesse d’exporter des moutons vivants, dont la valeur combinée à celle du boeuf rapporte 680 millions de dollars américains par an.
"Le gouvernement devrait reconnaitre qu’il ne pourra jamais garantir que le commerce de moutons vivants se fera dans des conditions humaines", a-t-il dit.
Suite à cette affaire, l’Australie a déjà suspendu ses exportations de bétail vivant à l’Arabie saoudite, son plus grand marché à 129 millions de dollars US par an.

Le gouvernement a imposé cette année un nouveau règlement pour améliorer les exportations de bétail après une série d’incidents l’an dernier, où des milliers de moutons avaient trouvé la mort sur le chemin du Moyen-Orient. Les pays de la région préfèrent importer les animaux vivants pour s’assurer qu’ils sont bien abattus selon le rituel islamique.