Animaux Errants : Ces Meutes Qui Derangent En Nelle Caledonie

Des chiens qui aboient toute la nuit, des chats qui se battent, qui urinent aux abords des habitations et qui s’égarent au milieu des routes… Les habitants des villes ne supportent plus la proximité avec les populations d’animaux errants. Rien que pour les aboiements, 4e cause de plaintes des particuliers, la police municipale de Nouméa a reçu plus d’une centaine d’appels en 2002.
Certains craignent également les maladies contagieuses et les agressions. « En meute, les chiens peuvent devenir dangereux. Il arrive régulièrement que notre personnel soit mordu en essayant de les récupérer. Quant aux agressions, elles restent occasionnelles, à hauteur d’une dizaine par an », souligne Michel Nicoul, chef de la police municipale, gérant également la fourrière de Nouméa.
Alors que font les municipalités pour tenter d’éradiquer ce phénomène ? En Brousse, peu de moyens sont mis en place. Kaala Gomen a innové il y a déjà plusieurs années en menant une action qui consiste à capturer les animaux en divagation, très dangereux pour la population. Ils sont ensuite mis en vente aux enchères si leurs propriétaires ne viennent pas les chercher. A Koumac, une opération de ramassage des chiens a été interrompue suite à l’incendie de la mairie le mois dernier.
Les animaux errants récupérés à Dumbéa et au Mont-Dore sont envoyés à Nouméa, seule municipalité qui dispose d’une fourrière digne de ce nom. Elle intervient sur l’ensemble des quartiers. Une ronde de nuit hebdomadaire a même été instaurée.

1 800 animaux ramassés par an à Nouméa

En moyenne, la fourrière ramasse chaque année dans les rues de la ville 1 800 animaux errants dont 1 200 chiens, 500 chats, et une centaine d’animaux moins courants, tels que des poules, des cochons ou même des chevaux. Malgré tout, cette population qui dérange est loin d’être maîtrisée, d’autant qu’elle est difficilement quantifiables.
Pour limiter sa prolifération, le syndicat des vétérinaires libéraux a proposé l’an dernier une campagne de stérilisation des chats. Mais la mairie de Nouméa n’ayant pas suivi, le projet n’a pas abouti. « Nous avons fait signer une pétition. De nombreuses personnes étaient d’accord sur le principe. Lorsqu’on tue les chats, il y en a de toute façon toujours d’autres qui reviennent. Autant les stériliser. C’est sûr que cela reviendrait plus cher (13 000 F pour une chatte, ndlr), mais nous étions prêts à faire cet effort financier. Nous attendions la même chose de la mairie », explique Eric Leconte, président du syndicat des vétérinaires libéraux.

Les stérilisations toujours à l’étude

« Les euthanasies sont regrettables, reconnaît Michel Nicoul. Mais avant de mettre en place un système de stérilisation, il faut un dispositif réglementaire. C’est à l’étude, mais pour l’instant, on ne peut pas courir le risque de stériliser un chat. Si son propriétaire le réclame ensuite, il peut se retourner contre nous », explique-t-il.
En attendant, 50 % des chiens et chats ramassés sont euthanasiés par les vétérinaires et envoyés au dépotoir. Ces actes concernent généralement les animaux malades. « Nous attendons quatre jours pour les bêtes non tatouées et en mauvaise santé. Pour celles qui sont identifiables, mais dont nous ne trouvons pas le propriétaire, nous attendons dix jours », précise Michel Nicoul.
Les autres, envoyés à la Spanc, y attendent d’être adoptés. Le refuge de Koutio accueille actuellement 112 chiens, dont 37 petits, et une quarantaine de chats. En plus des animaux errants, viennent s’y greffer les animaux abandonnés, notamment en période de vacances scolaires. « En septembre dernier, nous avons reçu 70 chiens et 31 chats », compte Aline Thomas-Dumont, présidente de l’association.

Nouveau : un fichier de tatouages unique pour la Calédonie

Aujourd’hui, les vétérinaires disposent tous d’un fichier tatouages qui se limite à leur propre clientèle. De son côté, la Spanc s’est créé elle aussi un fichier à part. Résultat : lorsqu’un animal tatoué est soit perdu, soit trouvé, chacun se trouve dans l’obligation d’effectuer une tournée téléphonique de ses confrères jusqu’à ce que le chien ou le chat égaré soit enfin identifié. Une perte de temps dont les professionnels se passeraient bien.

Un gain de temps

Il y a deux ans, les vétérinaires privés du territoire, désireux de mettre le holà à cette situation difficilement gérable, ont mis en chantier un fichier de tatouages commun, qui couvrirait l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie. Encore en cours d’évaluation, ce dernier sera officiellement en service au début du mois de novembre. « C’est un réel progrès qui facilitera considérablement la gestion des chiens errants, mais aussi les cas d’animaux domestiques égarés », se réjouit Eric Leconte, président du syndicat des vétérinaires libéraux de Nouvelle-Calédonie.
Disponible sur internet, ce fichier confidentiel, géré par le Groupement technique des vétérinaires (GVT), ne pourra être consulté que par les vétérinaires. « Il s’agira d’un sous-fichier de celui qui existe déjà sur l’ensemble de la métropole. Nous pourrons ainsi effectuer un suivi des animaux qui seront emmenés là-bas, et inversement », précise encore le docteur Leconte.